Quelles sont les sources de pollution de l’air intérieur par les pesticides ?

Depuis les dernières décennies, la pollution de l’air intérieur est un sujet de plus en plus important de santé publique. Comme nous passons 80% de notre temps à l’intérieur des bâtiments, la présence de multiples polluants dans l’air intérieur peut entraîner des conséquences graves sur la santé des personnes qui y sont exposées, en particulier les enfants et les femmes enceintes. Parmi ces polluants, les pesticides sont des substances chimiques qui peuvent être présentes dans l’air intérieur à la suite de différentes activités

Quelles sont les principales sources de pollution de l’air intérieur par les pesticides ?

Plusieurs sources qui peuvent contribuer significativement à la présence de pesticides dans l’air intérieur : l’utilisation dans les jardins et les potagers, la lutte contre les insectes, le traitement des animaux domestiques, le traitement des literies, le traitement du bois, le traitement des moisissures et les épandages agricoles réalisés à proximité de l’habitation.

1/ Utilisation de pesticides dans les jardins et les potagers

L'utilisation intentionnelle de produits pour les jardins tels que les herbicides, les fongicides et les insecticides peut entraîner une contamination de l’air intérieur. En utilisant ces produits sur les plantes et les arbustes à l’extérieur de la maison, les vapeurs et les particules se diffusent à l'intérieur par les fenêtres et les portes ouvertes. La contamination des vêtements portés lors de l’application des pesticides peut également contribuer à la pollution de l’air intérieur.

2/ L’utilisation de pesticides pour lutter contre les moustiques

L’utilisation de produits de lutte contre les insectes dans les maisons peut également entraîner une contamination de l’air intérieur par des pesticides. Il s’agit principalement des traitements contre les moustiques, utilisés sous la forme de bombe ou de diffuseur. Leur utilisation diffuse les pesticides à l’intérieur et ils se déposent sur toutes les surfaces, les literies, les vêtements et la nourriture.

Pour l’application d’insecticide, il est très important de suivre les recommandations d’utilisation des fabricants, notamment sur l’aération après le traitement. 

Les moustiquaires sont très efficaces pour éviter que les moustiques pénètrent dans les maisons et sont placés autour des lits. Elles sont souvent traitées avec des insecticides.

Les principales substances utilisées sont la permethrine, la cypermethrine et le propoxur.

Néanmoins, les traitements insecticides sont indispensables lorsque des risques de transmission de maladie comme le paludisme sont importants.

3/ Le traitement des animaux domestiques

Les tiques et les puces sont les principaux parasites des animaux de compagnie. Les vétérinaires recommandent de traiter les chiens et les chats avec des insecticides, sous la forme de collier porté par l’animal ou sous la forme d’une pipette dont le liquide est appliqué directement sur la peau de l’animal.

Les poils de l’animal domestique sont alors fortement contaminés par des produits insecticides utilisés qui se transfèrent dans le logement, par exemple lorsque le chat est endormi sur le canapé. Par ailleurs, un transfert se produit également lorsque l’on caresse l’animal.

Le fipronil est l’un des principaux insecticides utilisés.

4/ Le traitement des literies

Les acariens constituent l’une des causes de l’asthme et des allergies respiratoires. Des literies traitées contre les acariens sont disponibles dans le commerce. Elles sont parfois traitées aves des pesticides insecticides comme la perméthrine. Il est très important de se renseigner lors de l’achat car d’une part ces traitements se diffusent dans l’air de la chambre et d’autre part les occupants du lit y sont exposés par contact avec la peau.

Les infestations de punaises de lit sont souvent traitées avec des insecticides qui peuvent contaminer durablement l’environnement intérieur d’une chambre.

5/ Les traitements du bois

Les insectes xylophages et les moisissures sont les principales menaces sur la santé du bois.

Pour cette raison, les charpentes sont traitées avec des insecticides comme la perméthrine et la cypermethrine, et des fongicides comme le tébuconazole et le propiconazole.

Lorsque les poutres sont anciennes, des traitements avec des polluants organiques persistants comme le lindane ou le pentachlorophénol étaient très fréquents. Du fait de leur longue persistance dans l’environnement, ils sont encore présents dans l’air intérieur des logement plusieurs dizaines d’années après leur application.

Les pesticides insecticides et fongicides utilisés pour le traitement du bois se diffusent continuellement dans l’environnement intérieur des bâtiments et sont très fréquemment mesurés dans les habitations.

6/ Le traitement des moisissures

A la suite à un dégât des eaux, à des infiltrations ou un problème d’humidité, des moisissures peuvent se développer à l’intérieur des habitations. Elles présentent un véritable risque pour la santé des occupants.

Après avoir traité la cause du problème à l’origine du développement des moisissures, le nettoyage avec de l’eau de javel est un moyen efficace pour traiter les problèmes de moisissure. Des pesticides fongicides tels que le tebuconazole et le propiconazole peuvent également être utilisés.

7/ Les épandages agricoles

Pour protéger les cultures (céréales, pommes de terre, vignes, vergers…) contre les insectes ravageurs, les moisissures et les plantes concurrentes, des pesticides insecticides, fongicides et herbicides sont appliqués sur les cultures par pulvérisation.

L’étude EXPORIP montre que les pesticides se déposent sur les bâtiments. Des résidus de pesticides sont très souvent présents sur les vitres des bâtiments. Les résultats indiquent également que le nombre et la quantité de pesticide diminue au-delà de 100 m du lieu d’épandage. Les pesticides agricoles (produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques) se diffusent à l’intérieur des logements. Ils produisent une pollution persistante et une exposition chronique des occupants.

En conclusion, la pollution de l’air intérieur par les pesticides peut être une source importante d’exposition des occupants. Il est important de prendre en compte ces sources lors de l’évaluation de risque pour la santé liés à la pollution de l’air intérieur. Il est également important de prendre des mesures pour minimiser ces sources de contamination en utilisant des produits respectueux de l'environnement, peu toxiques et en assurant une ventilation adéquate de la maison.

Les occupants peuvent également prendre des mesures pour réduire leur exposition personnelle, telles que l'utilisation de produits exempts de pesticides pour les jardins, et en évitant l'utilisation de produits de lutte contre les insectes dans la maison autant que possible.

Enfin, il est important de sensibiliser le public aux risques liés à la pollution de l’air intérieur et d'encourager l'utilisation de méthodes alternatives par les professionnels pour protéger les productions agricoles.